Bonhomme venu de loin, de tellement loin là-bas où le ciel est soleil, tout au fond de tes yeux les teintes de la terre parlent du temps passé. Mais l'as-tu donc connu ce pays égaré par un trait de l'histoire aux limites de l'homme, ignoré, écrasé?
Sais-tu que ses collines qui ont livré tes pères regorgeaient de troupeaux. Sais-tu que les habits de rameaux et de feuilles les rendaient grands et beaux? Sais-tu que des enfants couraient près des roseaux. Sais-tu que des bébés dormaient dans des berceaux? Que l'amour était chaud?
Tu es là devant moi, dans le pays de ceux qui ont tout abîmé, qui aujourd'hui encore te vouent au désespoir car ta peau est trop noire, ton pays un mirage qui n'apporte plus rien aux appétits gavés des gens de nos contrées, avec toit et papiers.
Habillé de nos maux tu dors, là devant moi, dans un train qui me mène pendant que tu te traînes de bureaux en services, de trottoirs en églises. On te dit sans papier et pourtant le cahier que fouille ta maman regorge d'impayés, d'envois recommandés.
Nos chemins se séparent, je descends de mon train, tu vas vers un destin que personne n'ignore tant il est anodin d'être en étant rien. Ton visage m'accompagne que travers de mes mots je veux te faire vivre, dire que tu es là, exiger qu'on le sache.
Exiger que l'on sache que ta vie n'est pas rien, exiger que l'on sache que t'as aussi ta place, petit enfant malien.
La maladie... une cour intérieure que je veux, mécréant, transformer, un défi, en jardin d'agrément... et je n'y parviens pas...
samedi 9 février 2013
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