Un kangourou joyeux coulait des jours heureux.
Pas un jour sans un bond, pas un sans un rebond.
Et l’âme si légère, un sillon de lumière.
Bien au chaud dans sa poche, entouré de ses proches
rien ne semblait troubler, rien ne faisait trembler
kangourou en ses jours. Une vie de velours.
Un jour il lui fallut s’émanciper. Ce fut
comme une aigreur ; malheur s’en aller pour ailleurs,
quitter ce sein douillet. Sa vie comme un boulet
perdit de son piment. Ces jours tel un tourment.
Il s’en alla par-là, cela ne lui plut pas.
En découvrant la vie, assumant ses envies,
il suivit ses désirs. Une partie de plaisir.
Sur sa carte du monde,des beautés, des jocondes,
parfois aussi des pièges, ceux qui la vie abrègent.
L’amour sur son chemin se fit joie et chagrin.
C’est la vie de chacun, casinos ou communs.
Quand le temps lui servit la fin de son récit
il en fut renversé. Il est fini l’été ?
A force de bondir et de tant rebondir,
aussi heureux qu’on fût on est mangé tout cru.
C’est une triste histoire que me narra un soir
un kangourou chagrin. Il était orphelin.
Son père n’était plus. On l’avait abattu.
On le croyait joyeux. Il devint si peureux
qu’il fuyait son regard craignant le traquenard.
La vie lui faisait peur. Un ignoble chasseur
revendit sa parure, cette douce fourrure.
Une histoire banale. La peine capitale
d’un pauvre convaincu d’être mangé tout cru.
© andré elleboudt