lundi 28 octobre 2024

Tout cru

Un kangourou joyeux coulait des jours heureux.

Pas un jour sans un bond, pas un sans un rebond.

Et l’âme si légère, un sillon de lumière.

Bien au chaud dans sa poche, entouré de ses proches

rien ne semblait troubler, rien ne faisait trembler

kangourou en ses jours. Une vie de velours.

 

Un jour il lui fallut s’émanciper. Ce fut

comme une aigreur ; malheur s’en aller pour ailleurs,

quitter ce sein douillet. Sa vie comme un boulet

perdit de son piment. Ces jours tel un tourment.

 

Il s’en alla par-là, cela ne lui plut pas.

En découvrant la vie, assumant ses envies,

il suivit ses désirs. Une partie de plaisir.

Sur sa carte du monde,des beautés, des jocondes,

parfois aussi des pièges, ceux qui la vie abrègent.

L’amour sur son chemin se fit joie et chagrin.

C’est la vie de chacun, casinos ou communs.

 

Quand le temps lui servit la fin de son récit

il en fut renversé. Il est fini l’été ?

A force de bondir et de tant rebondir,

aussi heureux qu’on fût on est mangé tout cru.

C’est une triste histoire que me narra un soir

un kangourou chagrin. Il était orphelin.

Son père n’était plus. On l’avait abattu.

 

On le croyait joyeux. Il devint si peureux

qu’il fuyait son regard craignant le traquenard.

La vie lui faisait peur. Un ignoble chasseur

revendit sa parure, cette douce fourrure.

 

Une histoire banale. La peine capitale

d’un pauvre convaincu d’être mangé tout cru.


© andré elleboudt

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